La vente d'un immeuble peut être l'occasion d'initier la transmission de son patrimoine à ses enfants.
Si le contribuable souhaite vendre un actif immobilier et donner tout ou partie du prix de vente à ses enfants, il subira une taxation à deux niveaux :
1.Taxation de la plus-value constatée lors de la vente du bien,
2. Taxation de la donation aux droits de mutation à titre gratuit.
À ces impositions s'ajoutent :
- une surtaxe pouvant aller jusqu'à 6 % lorsque la plus-value imposable est supérieure à 50 000 €,
- le cas échéant la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus au taux de 3 ou 4 %.
Durée de détention 5 ans | Durée de détention 15 ans | Durée de détention 25 ans | |
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Prix de vente | 700 000 € | 700 000 € | 700 000 € |
Plus-value immobilière brute | 300 000 € | 300 000 € | 300 000 € |
Impôt sur le revenu :
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Prélèvements sociaux :
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Surtaxe pour plus-values élevées | 18 000 € | 3 600 € | néant |
Coût fiscal total | 121 500 € | 65 227 € | 20 925 € |
Capitaux nets | 578 500 € | 634 773 € | 679 075 € |
Taux réel d'imposition (*) | 40,50 % | 21,74 % | 6,98 % |
(*) coût fiscal total/PVI
Cette stratégie s'adresse aux personnes ayant la volonté de procéder à une transmission à l'occasion de la vente d'un bien immobilier.
Elle n'aura d'effet que lorsque l'immeuble est détenu depuis moins de 30 ans et que le contribuable ne peut bénéficier d'aucune exonération.
Première étape : Donation de l'immeuble aux enfants
La donation de l'immeuble peut être consentie en pleine propriété ou, si le donateur souhaite conserver le contrôle sur le bien transmis ou sur le produit de sa cession, en nue-propriété seulement.Si la donation est faite en nue-propriété, seule la plus-value sur la nue-propriété sera purgée.
Dans l'hypothèse d'une donation en démembrement, il est possible de prévoir :
Ces stipulations n'ont aucune conséquence sur l'imposition des plus-values lors de la vente de l'immeuble (voir infra).
Deuxième étape : Vente de l'immeuble par les donataires (ou par l'usufruitier et les donataires en cas de démembrement)
Ce sont les donataires qui vont procéder à la vente de l'immeuble et appréhender le prix de cession.
Le respect de la chronologie
La donation doit impérativement intervenir avant la vente de l'immeuble.Une donation bien réelle
L'opération ne doit pas conduire à la réappropriation par le donateur du prix de vente ou du bien acquis en remploi.
Lorsque la donation a été consentie en pleine propriété
La plus-value est calculée chez le donataire par différence entre le prix de vente et la valeur retenue pour la détermination des droits de donation. Elle est donc égale à zéro.Si le donataire a payé les droits de donation et les frais d'acte, alors ces sommes viendront majorer le prix de revient. Dans cette hypothèse, le donataire dégagera une moins-value mais les moins-values immobilières ne sont jamais déductibles (ni d'une plus-value de même nature ni du revenu global), sauf le cas particulier d'une acquisition fractionnée.
Lorsque la donation a été consentie en nue-propriété
En cas de cession conjointe par le nu-propriétaire et le donateur usufruitier de leurs droits respectifs, chacun est susceptible d'être imposable à concurrence de la plus-value constatée sur les droits cédés par lui.Le sort du prix de vente de l'immeuble démembré n'a aucune influence sur les modalités d'imposition de la plus-value à la différence des plus-values de valeurs mobilières démembrées.
En cas de démembrement, l'usufruitier est imposable sur la valeur en pleine propriété de l'immeuble ou du bien acquis en remploi.
Le quasi-usufruitier est quant à lui imposable sur les capitaux qui ont été laissés à sa libre disposition. Néanmoins, il va pouvoir mettre au passif la créance de restitution laquelle sera alors taxable chez le nu-propriétaire.
Forme
La donation d'un immeuble doit obligatoirement faire l'objet d'un acte notarié à peine de nullité.Modalités et aménagements conventionnels
Il pourra s'agir d'une donation simple ou, si le contribuable possède d'autres biens qu'il souhaite également transmettre, d'une donation-partage.Pour consentir une donation-partage et bénéficier des avantages juridiques qui en découlent, il est impératif de constituer un lot divis pour chaque enfant.
La donation doit avoir lieu avant la vente c’est-à-dire avant le fait générateur de la plus-value immobilière, lequel est constitué par le transfert de propriété, quelle que soit la nature du bien cédé (droits sociaux ou immeuble).
Si la donation intervient alors qu'un avant-contrat a été signé, il faut s'interroger sur la date à laquelle va intervenir le transfert de propriété :
En matière de donation, l'administration ne peut retenir l'abus de droit qu'en se fondant sur la fictivité de l'acte. Elle doit donc rechercher l'absence de dépossession effective et irrévocable du donateur.
Constituent une réappropriation par le donateur et donc un abus de droit :
Ne constituent pas une réappropriation les clauses restrictives du pouvoir des donataires qui sont valides en droit civil.
Ne sont pas contestables par l'administration fiscale :
Le caractère temporaire des clauses restrictives (limitées à la durée de vie des donateurs) est essentiel pour leur validité.
Un bref délai entre la donation et la cession ne suffit pas à caractériser un abus de droit.
Vérifications fiscales préalables à toute vente d'immeuble
Engagements de location
De nombreux dispositifs fiscaux de faveur sont conditionnés à un engagement de location :Il s'agit notamment des dispositifs :
Engagements de conservation
Certains dispositifs sont conditionnés à un engagement de conservation :Imputation d'un déficit foncier sur le revenu global
Il faut vérifier que le contribuable n’ait pas imputé de déficit foncier sur son revenu global au cours des trois dernières années car, dans l’affirmative, il y aura remise en cause de cette imputation.